Petit rappel pédagogique
ISVL :
de quoi s’agit-il ?
Comme nous
le dit l’AEFE « les résidents perçoivent une indemnité spécifique de vie
locale (ISVL) en vertu du décret 2002-22 du 4 janvier 2002. Le montant annuel de cette
indemnité, fixé par un arrêté interministériel (Affaires étrangères et Budget),
varie selon le pays voire la ville et le groupe. Il est actualisé tous les
trois mois ». Les groupes varient en fonction de l’indice brut de
l’agent :
Que nous
disent ces décrets « fixant par
pays et par groupe le montant de l’ISVL » ?
Une
comparaison ISVL résident et I.E (indemnité d’expatriation).
Voici un petit paragraphe récapitulatif sur la dernière année (2018), mais
qui impacte l’année 2019, et qui retrace l’évolution du montant des ISVL de
Moscou en référence aux différents décrets. Quant aux I.E seules apparaissent
les évolutions en %.
L’ISVL des
enseignants correspond aux 5 dernières colonnes. Ces montants annuels sont en brut et on doit retrancher près de 10% de CSG sur
éléments non imposables et plus de 4% de cotisation sociales et mutuelle.
31
décembre 2018
RUSSIE (Moscou)
|
30 853
|
28 874
|
26 500
|
24 521
|
22 605
|
19 319
|
17 675
|
16 439
|
Soit – 14.39% pour les résidents du LFM
Pour les expatriés la baisse est de – 4.98% par rapport à la période
précédente
28
septembre 2018
RUSSIE (Moscou)
|
36 066
|
33 753
|
30 978
|
28 665
|
26 425
|
22 584
|
20 662
|
19 217
|
Soit – 4.28% pour les résidents du LFM
Pour les expatriés la baisse a été de – 4.11% par rapport à la période
précédente
30
juin 2018
RUSSIE (Moscou)
|
37 612
|
35 200
|
32 306
|
29 894
|
27 558
|
23 552
|
21 548
|
20 041
|
Soit – 2.22 % pour les résidents du
LFM
Pour les expatriés la baisse est de
– 2.23% par rapport à la période précédente
Avril 2018
RUSSIE (Moscou)
|
38 466
|
36 000
|
33 040
|
30 573
|
28 184
|
24 087
|
22 038
|
20 496
|
Pour les expatriés la HAUSSE a été de 0.27% par rapport à la période
précédente
Ainsi
entre les décrets d’Avril 2018 et de décembre 2018 l’ISVL a chuté de chuté de 20% (1/5) pour les
résidents du lycée français de Moscou. L’indemnité d’expatriation quant à elle
aurait diminué d’environ 10% ; soit deux fois moins que la baisse de l’ISVL
dévolue aux résidents.
N.B : Calculs effectués sur le groupe 5 uniquement.
Quant
aux évolutions des indemnités du personnel de direction, Fort Knox semble être
une petite forteresse de province…
Aucune justification
Comment
justifier une telle baisse ? Moscou serait-elle devenue un petit paradis
où les loyers seraient ridiculement faibles, les biens alimentaires quasi
gratuits et les billets d’avion fournis gracieusement par Air France comme
c’est le cas pour d’autres catégories de personnels de l’enseignement ? (Un billet tous les deux ans pour les personnels
expatriés et la prise en charge des frais de déménagement) La
réponse est non et, faut-il le dire, les baisses successives que subissent les
résidents du Lycée Français de Moscou plongent nombre d’entre eux dans
l’incertitude financière et ce d’autant plus que leur indice de base est gelé
depuis des années, que les prélèvements pré-engagés - notamment
la très forte augmentation de la cotisation MGEN début 2019 - ne cessent d’augmenter…Bref, le
pouvoir d’achat des résidents ne cesse de se réduire comme peau de chagrin.
En
interne, les évolutions des indemnités ne sont pas les mêmes : que l’on
soit résident ou expatrié les baisses, dans les deux cas, vont du simple au
double. Ne serait-il pas temps d’instaurer un moratoire sur les baisses ?
Le coût de la vie, des logements, des transports sont-ils différents lorsque
l’on va remplir son caddie, que l’on prend le métro ou que l’on paie la cantine
de ses enfants…selon que l’on soit résident ou expatrié. Non, bien sur !
Rien ne saurait justifier, si ce n’est la volonté de nous asphyxier encore
davantage de telles évolutions et une telle différence de traitement. Injustes
et inégalitaires, voilà ce que semblent refléter ces politiques d’austérité budgétaire.
En
externe, regardons les choses sous un angle purement moscovite, pragmatique et
réel car ancré dans le quotidien.
Pour
ceux qui rechigneraient à admettre une telle réalité voici quelques
informations glanées par-ci par- là et que tout un chacun d’un simple
clic peut facilement trouver.
Le logement à Moscou
En général, pour acheter un m2
en ville à Moscou en février 2019 le coût est de 4208.46 € (au taux de
change actuel). Ce tarif étant une moyenne, il peut, certes, descendre jusqu'à
2950.09 € mais aussi grimper jusqu'à 6602.7 €. Ce prix pour un mètre
carré en ville a évolué plus fortement que le coût moyen pratiqué en France
(+3%).
Voici, pour se faire une idée, des
chiffres parmi les plus récents (je vous épargne la lecture de graphiques
fastidieux mais que l’on trouve aisément et qui, tous, vont dans le même sens)
en ce qui concerne les évolutions des prix à la location :
Prix d'une location d'un appartement
en centre-ville à Moscou en 2019 : 1524.43 €
Prix moyen
dans la monnaie du pays : 115 440
₽ (RUB)
Prix minimum
: 1122.46 € (85 000 ₽ (RUB)))
Prix maximum : 1980.81 € (150 000 ₽ )
Notons que la qualité des appartements est très
variable ce qui fait augmenter le loyer parfois du simple au triple et que l’entretien des parties communes et de la sécurité,
toute relative peut faire augmenter le loyer dans des proportions importantes.
Quant à l’évolution annuelle elle
serait de +14.1% sur un an, de février 2018 à février 2019 pour un appartement (avec des
évolutions encore plus conséquentes selon le type d’appartement même s’il est
vrai, aussi, que des baisses sont enregistrées). Et pendant ce temps…
Cet exemple est celui d’un
appartement 3 pièces dans le centre-ville de Moscou.
Comment ? Des enseignants osent se loger dans le
centre-ville de Moscou ? Qu’ils aillent donc voir ailleurs pour avoir un
toit sur la tête…car il est bien connu que, simples professeurs, nous ne
saurions nous mêler avec une classe-caste aux propriétés géographiques bien
connues.
Mais n’en déplaise aux âmes
chagrines faut-il rappeler qu’il n’y a qu’un établissement AEFE en Russie,
qu’il est situé à Moscou, la capitale, ville la plus chère de Russie et que le
LFM est situé dans l’hyper centre de Moscou, l’un des endroits les plus chers
de la capitale. Alors quoi ? Devons-nous, sous les coups de butoir de
l’AEFE, être obligés de vivre à une heure (au moins) de notre lieu de travail
quitte à sacrifier le sommeil de nos enfants (trois sites de scolarisation) ?
Sommes-nous condamnés à voir notre pouvoir d’achat se paupériser pour habiller
Paul ? Car c’est bien là qu’est le problème : la politique de
redistribution des primes ISVL mise en place par l’AEFE depuis des années. Fonctionnant
à budget constant, lorsque l’A.E.F.E augmente l’ISVL dans une région du monde
(comme c’est le cas dans les pays du Golfe) elle diminue celle d’une autre
région : Moscou certainement. Nous payons, au prix fort, le désengagement
de l’AEFE au nom d’une logique comptable assassine.
D’autres éléments
La litanie serait longue si l’on
voulait encore approfondir les choses. En effet, à cela il faudrait rajouter
les effets délétères de l’inflation qui impute insidieusement non seulement
notre salaire mais aussi notre ISVL. Comme le faisait remarquer Le Figaro dans son édition du 28
décembre 2018, l’inflation a été, au courant de cette année, de 4.2%...un
dérapage par rapport aux années précédentes. Déflatons, déflatons…Certes !
Mais, au final, l’addition n’en serait que plus amère, les difficultés
financières plus prégnantes.
Si l’on ajoute à cela que tous les
rapports de l’OCDE (Organisation pour la Coopération et le Développement
Economique) pointent du doigt le mauvais sort fait aux enseignants français véritable lanterne rouge de la rémunération
(même les pays les plus libéraux comme le R.U font mieux que nous) il n’y pas
de quoi se réjouir.
On ne saurait terminer sans évoquer le
rapport que vient de rendre Samantha Cazebonne à Emmanuel Macron où, finalement
il n’y a –sur le fond- qu’une chose : comment réduire la voilure de ces
« coûteux professeurs » (Le
Figaro du 06/02/2019). C’est dans l’air du temps : nous
ne serions que personnes dispendieuses, traitées avec une générosité sans
égale. Il faut dégrossir le mammouth, le compresser, l’essorer, le rendre
compatible avec les objectifs de Bercy. Finalement, le risque n’est-il pas là,
à savoir que l’éducation n’est plus qu’une affaire de prix. Alors, t’achètes
ou t’achètes pas ?
SNES Moscou.
Le SNES-FSU dénonce le mode de calcul et de
réactualisation de l’ISVL dont les montants reflètent de moins en moins
l’évolution du coût de la vie dans les pays.